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Spectacle

Le Pot pour Frire

Texte de Jean Tardieu

Equipe :

Garance Guierre
Kim Aubert
Benjamin Candotti-Besson

Musique :
-

Durée :
-

Représentations :
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Au départ il y aura le paravent.
Puis trois personnes.
Et des mots.

Les personnes arriveront devant le paravent et diront les mots. Les mots se déploieront avec le paravent et essaieront d’envelopper les personnes. Les personnes passeront derrière le paravent en portant les mots. Ceux-ci voudront sûrement prendre le devant, du paravent. Ce dernier ne laissera pas faire et se refermera sur les personnes, attrapant les mots. D’aucun diront que tout était prévu. Mais rien n’est sûr.

A la fin, il y aura sûrement le paravent.
A priori, resteront les trois personnes.
Il est probable qu’il n’y ait plus de mots.

Ah oui ! Il y aura aussi de la musique !

Extraits :

« Un mot pour un autre »

MADAME.- Quoi, vous ici, cher Comte? Quelle bonne tulipe ! Vous venez renflouer votre chère pitance?...
Mais comment donc êtes vous bardé?
LE COMTE, affectant la désinvolture.- Eh bien, oui, je bredouillais dans les garages, après ma séance au
sleeping; je me suis dit : Irène est sûrement chez sa farine. Je vais les susurrer toutes les deux !
MADAME.- Cher Comte ( désignant son haut de forme), posez donc votre candidature!...(poussant vers
lui un fauteuil) et prenez donc ce galopin. Vous devez être caribou ?
LE COMTE, s'asseyant.- Oui, vraiment caribou ! Le saupiquet prolongé fort dur. On a frétillé, rançonné,
re-rançonné, re-frétillé, câliné des boulettes à pleins flocons : je me demande ou nous cuivrera
tout ce potage!

« Monsieur Moi »

MONSIEUR MOI.-Je croirais plutôt, vois-tu, que ce qui nous a arrêtés, c'était cette chose, cette chose
toujours la même. Qu'en penses-tu ?
LE PARTENAIRE, perplexe.- Ma foi !...
MONSIEUR MOI.- A mon avis cette chose était là, à nous attendre au beau milieu du chemin – et, bien
qu'elle soit là, là, devant nous, impossible de savoir ce qu'elle est ! Tu avoueras que
c'est une situation bien embarrassante pour des esprits aussi avisés que les nôtres?
LE PARTENAIRE, bruyamment.-Ah, ça oui, alors !
MONSIEUR MOI.-Mais je vais te surprendre encore bien davantage. Moi qui te parle et à qui tu réponds
avec tant de pertinence, moi qui ai peur de cette chose incompréhensible, je puis, du
moins, me donner l'avantage de la contourner. Comprends-tu cela? Je puis faire le tour
de cet obstacle avec ma raison...Tu me suis toujours, n'est-ce pas : avec ma raison?
LE PARTENAIRE, comme un faible écho.-Avec ma raison.
MONSIEUR MOI.- Et avec mes pieds aussi, d'ailleurs. Me suis-tu? Avec mes pieds.
LE PARTENAIRE, même jeu.-Avec mes pieds.
MONSIEUR MOI.- Et quand j'en aurai fait le tour, alors, tout à coup, d'un mouvement vif, comme un
escamoteur, je pourrai mettre La chose dans mon sac ! Ni vu ni connu ! Le tour est joué !
LE PARTENAIRE,ravi, comme s'il escamotait un objet.- Couic !...

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